Le gouvernement régional de Rodrigues a choisi de mettre sur pied des mini-forêts au cœur de plusieurs écoles. L’idée est non seulement de créer un espace vert mais surtout d’éduquer les jeunes pour qu’ils deviennent, demain, les meilleurs défenseurs de la nature.
Chut ! On respire ! Par une matinée chaude, au cœur de Port-Mathurin, vit une mini-forêt endémique au milieu de la cour de la Basile Allas Government School. Cet écrin vert, implanté il n’y a pas si longtemps par le gouvernement régional de l’île, fait vivre la terre, purifie l’air et fait chanter les oiseaux. Aux yeux des écoliers, cette mini-forêt est un lieu de quiétude, une petite parcelle d’air frais au milieu de cette chaleur étouffante.
Être conscient de l’environnement qui nous entoure et tout faire pour le préserver et le faire prospérer. C’est dans cet élan que l’Assemblée régionale de Rodrigues a mis sur pied le projet Tiny Forest, une initiative qui émane du bureau du Chef Commissaire et de la Commission de l’Éducation, et qui figure dans le Budget 2023-2024. En plus de faire du bien à la nature qui nous entoure, ce poumon vert et écolo au cœur des écoles a pour objectif de devenir un lieu ressource afin que la nouvelle génération puisse continuer à apprendre et à se soucier de l’environnement.
Textes: Daisy Grandsire/Photos: DR
Pour créer des citoyens de demain écoresponsables, l’éducation demeure un outil indispensable, souligne Michel Christopher Bégué, Advisor on Economic Development and Communication Matters. «Le projet Tiny Forest est une initiative de l’Assemblée régionale de Rodrigues, visant à établir des forêts endémiques miniatures au sein des établissements scolaires de l’île. Ces minuscules forêts servent d’outils pédagogiques et d’actifs environnementaux, favorisant la biodiversité, offrant des opportunités d’apprentissage aux élèves et contribuant à la verdure globale de l’environnement scolaire. L’objectif principal du projet est d’introduire des mini-forêts dans les écoles, offrant ainsi aux étudiants une expérience pratique de la conservation de la nature et de l’environnement», explique-t-il.
Pour qu’ils développent une conscience écologique qui leur permettra de comprendre que nos actions d’aujourd’hui auront des conséquences irrémédiables sur l’environnement qui nous entoure, le projet de mini-forêts a été implanté dans sept écoles primaires à Rodrigues, assurant ainsi un travail d’éducation et de sensibilisation auprès des plus petits. Être en contact avec la nature, côtoyer et prendre soin de cette forêt miniature, les amèneront ainsi à se questionner sur les conséquences de leurs actes et de leurs choix, dans le but de diminuer l’impact environnemental de leurs actions et ainsi mieux protéger leur environnement. «Sept écoles primaires ont été identifiées pour accueillir la première petite forêt. Le projet a d’abord été mis en œuvre à l’école publique Basile Allas, et ensuite à l’école publique de Terre Rouge, à l’école publique d’Anse Quitor et à l’école publique de Mangues.»
Au cœur de ce projet, l’éducation reste la règle numéro 1. «Le projet repose sur une base pédagogique où les élèves eux-mêmes sont chargés de prendre soin de la petite forêt, sous la supervision de leur professeur. L’accent est mis sur la plantation d’arbres endémiques, ce qui permet aux étudiants de renouer avec la flore et la faune uniques de Rodrigues, tout en découvrant l’importance de préserver les espèces indigènes. De plus, cette initiative sert de plateforme d’apprentissage pour les participants, leur fournissant les informations nécessaires sur la façon de gérer efficacement une petite forêt. Les compétences et les connaissances acquises grâce à cette expérience permettent aux étudiants de potentiellement reproduire des projets similaires autour de l’île, contribuant ainsi à des efforts de restauration plus larges et à l’expansion des espaces verts.»
De par le monde, les mini-forêts ou Tiny Forests, comme on les appelle, ont su prouver leur efficacité et leur raison d’être. Le concept avant-gardiste vient du professeur Akira Miyawaki, botaniste japonais, expert mondial en écologie et détenteur du Prix Blue Planet. Sa vision était de créer au cœur des villes un petit écosystème forestier à la végétation dense et qui fonctionne selon les principes d’une forêt naturelle. On y trouve des plantes indigènes et endémiques qui sont les plus adaptées au climat et au sol d’une région.
Aujourd’hui, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les forêts, qui recouvrent 31 % de notre planète, absorbent 7,6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an, qu’elles transforment par la suite en oxygène nécessaire à leur survie. Grâce à la photosynthèse, ces espaces de végétations purifient l’air en permanence, régulent les conditions climatiques locales, rafraîchissent et humidifient l’air, abritent un grand nombre de formes de vie et d’espèces, tout en enrichissant et en protégeant les sols.
De ce fait, créer des petits espaces verts au cœur des villes et des villages, et avoir des citoyens responsables et respectueux de leur environnement ne peuvent être qu’une source de bienfaits et d’espoir pour l’avenir, souligne Michel Christopher Bégué : «Ce projet est important pour Rodrigues car il inculque une culture de reforestation et de gestion de l’environnement parmi les jeunes générations, garantissant que les futurs dirigeants disposent des connaissances et des valeurs nécessaires à des pratiques environnementales durables.»
À travers cette initiative, Rodrigues espère ainsi favoriser un changement culturel vers une conscience et une action environnementales, deux éléments indispensables pour la résilience écologique à long terme de l’île et le bien-être de ses habitants.