Elle est souvent appelée la cendrillon des Mascareignes. Située à une heure et demie de vol, au Nord-Est de Maurice, l’île Rodrigues est la destination, secrète, exclusive des amoureux de la nature, de la plongée, du kitesurf, de la randonnée et de la pêche en haute mer. Encore sauvage, Rodrigues n’a rien a envier à sa sœur mauricienne, bien au contraire!
Texte et photos: Florence Guillemain
Avec 8 km de large sur 18 km de long, Rodrigues est un confetti dans l’océan Indien, la plus petite île de l’archipel des Mascareignes. Le Mont Limon qui culmine fièrement à 398m est le sommet le plus haut de l’île. Les routes sont sinueuses et offrent à chaque instant de superbes points de vue sur le lagon qui fait deux fois sa superficie. A Rodrigues,on ne trouve pas de terrain plat donc pas de plantations de cannes à sucre, mais plutôt des potagers accrochés sur des terrains rocailleux, de petits jardins où l’on cultive pour la famille, manioc, maïs, haricots rouges, oignons, gingembre et piment. Les villages ont pour noms : Caverne-patate, Citronnelle, Le Choux, Quatre-Vents, Rivière-Banane, Baie-Topaze, Roche-Bon-Dieu … Les plages les plus belles sont situées à l’Est et au Sud-Est. Classée parmi les 10 plus belles plages de l’Océan Indien, la plage du “Trou d’Argent” se mérite. Compter une petite heure de marche pour l’atteindre. Plus accessibles sont celles de Cotton Bay, Saint François ou Graviers à l’ombre des filaos. L’anse Mourouk, très ventée, est le paradis des Kitesurfeurs et windsurfeurs.
Si l’anglais est la langue administrative, le français et le créole sont parlés partout. Si on vous conseille de “prendre de la graine”, c’est du haricot rouge qu’il s’agit et si on vous propose aimablement “un jus”, ce n’est peut- être que celui du délicieux limon de l’île, le petit citron emblématique si parfumé de Rodrigues. Dans les villages, sous le soleil de midi, tout séche sur le toit : le linge, les chapelets de saucisses et les fameuses “ourites” (poulpes) accrochés à des portiques en bois.
Sur environ 40.000 habitants, 2.600 sont pêcheurs. La pêche au thon jaune, au marlin, au wahoo, à la dorade coryphène se déroule de septembre à mai et la pêche à la “senne” (au filet) entre mars et octobre. Le coup d’envoi est donné chaque année le 1er mars à la Fête du Poisson avec ambiance guinguette, ourites grillées et courses de bateaux.
Capitale de Rodrigues, Port Mathurin est une bourgade tranquille qui s’anime davantage durant trois occasions : l’arrivée du ferry, le marché du samedi et la messe du dimanche. Tout Rodrigues est là quand le Trochetia déchargent leurs marchandises sur le port : le tracteur, les pièces pour la voiture, la moto ou le ventilateur, pour embarquer au retour des vaches et des chèvres et autres produits locaux. Tous les samedis matin, le marché attire la foule sous les halles à demi-couvertes où tous les maraichers et pêcheurs se rassemblent autour des étals multicolores de poissons, de fruits et d’épices. L’artisanat local, notamment la vannerie tressée en vacoas et les spécialités culinaires faites par les femmes sont également concentrés ici. A 10h du matin, rue de la solidarité, les Rodriguais se retrouvent le long des maisons rouges au toit bleu, pour faire leurs emplettes. Les dames avec leur chapeau échangent des nouvelles par petits groupes sous un parapluie qui sert d’ombrelle et vont à la gare routière prendre le bus « Ciel de Paris », « Prince of love » ou « Road Commander » … La messe du dimanche a lieu au Saint Coeur de Marie devant une foule fervente.
A Rodrigues, pas de golf, l’île a choisi l’écotourisme, préférant préserver ses paysages et ses sentiers le long des falaises. L’île privilégie également les tables d’hôtes et les chambres chez l’habitant. Le soir, la musique s’invite dans les soirées au son du séga tambour avec des notes d’accordéon, de tambour et de triangle. On danse un séga endiablé qui rappelle vaguement la polka.
