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La métamorphose d’un « petit caillou pelé » à travers l’objectif de Serge Marizy

Ancien policier devenu réalisateur passionné, figure incontournable du paysage audiovisuel dans l’océan Indien, Serge Marizy est un nom bien connu des téléspectateurs réunionnais. Producteur de l’émission Zone Australe, diffusée sur Antenne Réunion entre 2000 et 2017, il a parcouru toute la région pour mettre en lumière les richesses des îles Vanille. Parmi elles, une île en particulier a su capter son cœur : Rodrigues, qu’il découvre pour la première fois en 2001. Depuis, c’est une véritable histoire d’amour qui le lie à ce territoire, à sa population, à ses paysages… Une relation faite d’images, de souvenirs, de fidélité et d’amitié.

Par Laura Samoisy/Photos: Lionel Ghighi et Serge Marizy

Dans les années 90 et 2000, Rodrigues ne jouit pas d’une image très flatteuse à La Réunion. L’expression qui revenait souvent pour désigner la plus petite Île des Mascareignes était celle de « petit caillou pelé », une île pauvre, aride, sans attrait. Serge Marizy s’en tient d’abord à ce cliché, jusqu’au jour où son chemin croise celui de Maxi André, alors président de l’Association des Opérateurs Touristiques de Rodrigues (ARTO).

« À l’époque, j’étais pilote. Je faisais des circuits touristiques en avion sur la zone océan Indien. Un jour, j’ai rencontré André Maxi lors d’un vol. On a beaucoup échangé. Il m’a parlé de Rodrigues avec passion et m’a invité à venir découvrir son île. » Intrigué, Serge accepte. Il s’envole pour Rodrigues accompagné du journaliste Yann Baré d’Antenne Réunion. Ce premier voyage sera le début d’une longue série.

Une arrivée de nuit, une révélation au petit matin

Le choc est immédiat : à son arrivée de nuit, l’aéroport est minuscule, et la route qui mène jusqu’à Anse aux Anglais, où ils sont logés, est plongée dans l’obscurité. « Il n’y avait pas d’éclairage du tout jusqu’à Port Mathurin. On ne voyait rien. On s’est vraiment demandé où est-ce qu’on avait atterri ! », raconte-t-il en riant.

Mais au lever du jour, c’est la révélation. La plage d’Anse aux Anglais se dévoile dans toute sa splendeur. Le lagon est magnifique, et le photographe n’a qu’une envie : capturer cette beauté naturelle. « On m’a dit que ce n’était encore rien, que l’Est de l’île allait me subjuguer encore plus. Et effectivement, quand j’ai découvert Pointe-Coton, Trou d’Argent, entre autres c’était juste magnifique. Quand j’ai vu la baie de Mourouk depuis la route des 52 contours, j’ai cru rêver. »

Serge Marizy aux côté de Arnaud Meunier de la Réserve Francois Leguat.

Un premier reportage dans un moment historique

Lors de ce voyage, Serge réalise son tout premier reportage sur Rodrigues. Et pas n’importe lequel : l’île est en effervescence car elle vient d’accéder au statut d’autonomie, un tournant historique. « Il y avait une ambiance de libération. Les Rodriguais étaient heureux, fiers. Ça se ressentait partout. »

Serge Marizy, en compagnie de Jean Alain Wong So, Commissaire du tourisme.

Il rencontre à cette occasion Feu Antoinette Prudence, une femme forte et emblématique qui le marquera à jamais. Il ne rencontre pas Serge Clair lors de ce premier séjour, car ce dernier est à l’étranger à ce moment-là, mais il croisera sa route plus tard.

Des retours réguliers et des reportages marquants

En 2003, Serge retourne à Rodrigues pour réaliser deux nouveaux reportages : « Rodrigues, l’aventure authentique » et « Les gîtes de Rodrigues ».  Il est aussi le dernier réalisateur à avoir filmé les activités de la carrière de corail à Plaine Caverne, dans le sud-ouest, aujourd’hui désaffectée.

Serge Marizy aux côtés de personnalités rencontrées à Rodrigues. Ici sur la photo, l’ancien ministre Nicolas Hulot.

Au fil des années, il enchaîne les sujets :la pêche artisanale avec le documentaire « La pêche en détresse », réalisé en collaboration avec Shoals Rodrigues, « La randonnée à Rodrigues » avec Marie-Paule Pierrelouis, la musique – notamment un reportage avec Ben Gontrand, accordéoniste talentueux et regretté Et bien sûr, le kitesurf, avec la couverture annuelle du Rodrigues International Kitesurf Festival depuis 2015.

« À l’époque, il n’y avait qu’une seule école de kitesurf sur l’île : celle de Jérôme Branellec et Percy Gontrand », se remémore-t-il. Tous ses films sont diffusés sur Antenne Réunion, contribuant à changer l’image de Rodrigues auprès des Réunionnais.

Un impact mesurable sur le tourisme réunionnais vers Rodrigues

Ses reportages ont permis aux Réunionnais de découvrir une autre réalité de Rodrigues : celle d’une île authentique, belle, accueillante. Un contre-pied total à l’image du « petit caillou pelé ».

« À l’époque, Air Mauritius sponsorisait mes voyages vers Maurice et Rodrigues. Marcel Lanier, alors directeur d’Air Mauritius à La Réunion, m’avait même dit que mes reportages avaient entraîné une augmentation de 40 % des voyageurs réunionnais vers Rodrigues. »

Un attachement fort à une île qui évolue

Rodrigues, Serge Marizy l’a vue changer littéralement sous ses yeux. À son premier séjour, les routes étaient en mauvais état, il y avait très peu de véhicules, et les gens marchaient beaucoup.

« La route appartenait aux Rodriguais. Il y avait quelques mobylettes, quelques bus, et à 15 heures, Port Mathurin était déjà vide. » Seules trois structures hôtelières existaient : Mourouk, Cotton Bay et Les Cocotiers. Les gîtes ont ensuite fleuri, contribuant au développement du tourisme local. « Rodrigues s’est développée, oui, avec de belles infrastructures, mais dans le respect de l’environnement. C’est ce qui fait sa force. C’est la seule Île de toute l’océan indien qui a su garder son authenticité. »

Des liens humains indéfectibles

Avec la population rodriguaise, Serge entretient des liens fraternels et sincères. Il évoque avec émotion ses amitiés profondes, notamment avec Ben Gontrand, musicien et un monument de l’histoire de Rodrigues « Je ne l’oublierai jamais. C’était un grand ami, un homme exceptionnel. » Il garde aussi un souvenir marquant de Noël Allas, rencontré lors d’un reportage, et de Serge Clair, pour ses positions fermes et assumées.

Anse Mourouk, son petit paradis

S’il devait choisir un lieu, ce serait la baie de Mourouk, son petit havre de paix sur l’Île le coin qu’il préféré. Pour la tranquillité, la beauté du lagon, et le défilé poétique des pêcheurs qui partent et reviennent toute la journée. « C’est un vrai folklore que j’adore photographier. Un jour, j’aimerais m’y installer définitivement. » Pour l’heure, Serge Marizy continue d’explorer ou de redécouvrir les multiples facettes de cette île fascinante. Rodrigues est en quelque sorte devenue, sa deuxième patrie.

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