La 9ᵉ édition de la Journée de la culture rodriguaise, célébrée le dimanche 6 juillet, a été bien plus qu’une simple manifestation festive. L’événement a débuté par une messe d’action de grâce en l’église Saint Mathieu à La Tour Koenig, marquant le caractère spirituel et rassembleur de cette journée. Les festivités se sont ensuite poursuivies au Centre Nelson Mandela, transformé pour l’occasion en véritable vitrine du patrimoine rodriguais, entre danses traditionnelles, gastronomie locale et expositions artisanales. Mais au-delà des rythmes et des saveurs, cette journée a surtout été l’occasion de faire entendre la voix des Rodriguais vivant à Maurice. Dans une atmosphère à la fois chaleureuse et engagée, Jean Margeot Ravina, responsable du Mouvement Solidarité Rodrigues, a porté des revendications concrètes, rappelant les réalités et les besoins d’une communauté en quête de reconnaissance, de soutien et de lien renforcé avec leur île d’origine.
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Organisée par le Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund, sous l’égide du Ministère des Arts et du Patrimoine culturel, en collaboration avec le Mouvement Solidarité Rodrigues, cette journée a offert une plateforme vivante de mise en valeur des traditions, de l’artisanat, de la musique, de la danse et de la gastronomie rodriguaise. En présence de hautes personnalités de l’État et de Rodrigues, dont le Premier ministre Dr Navinchandra Ramgoolam, le Vice-Premier ministre Paul Raymond Bérenger, le Chef Commissaire de Rodrigues Franceau Aubret Grandcourt, Stéphane Karghoo, directeur du Centre Nelson Mandela, Jean Margéot Ravina du Mouvement Solidarité Rodrigues et des membres du gouvernement centrale et des membres de l’Assemblée Régionale de Rodrigues, cette édition s’est inscrite à la croisée des chemins entre affirmation identitaire, expression citoyenne et volonté politique.

Une voix citoyenne pour les droits des Rodriguais
Parmi les prises de parole marquantes de la journée, celle de Jean Margéot Ravina, représentant du Mouvement Solidarité Rodrigues, s’est distinguée par un plaidoyer fort en faveur des droits des Rodriguais vivant à Maurice. Son intervention a été accompagnée d’un défilé symbolique de participants tenant des pancartes illustrant les principaux axes de ses revendications.

Il a notamment exhorté les autorités à attribuer une parcelle de terrain pour la création de « Lakaz Rodrigues », un projet de maison d’accueil et de centre de formation destiné à la communauté rodriguaise installée ou de passage à Maurice. Il a également appelé le Chef Commissaire à renouveler le Grant Memorandum qui permettait, chaque année, au Mouvement Solidarité Rodrigues de bénéficier d’un soutien financier essentiel pour mener ses actions sociales, éducatives et culturelles.
Rodrigues, un pilier culturel au sein de la République
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre a salué la richesse de l’identité rodriguaise, appelant à préserver et valoriser cet héritage unique qui contribue à l’âme plurielle de la République de Maurice. Il a souligné le rôle fédérateur de la culture dans la construction nationale, rappelant que Rodrigues occupe une place particulière dans la vision d’un “État océanique” tourné vers un avenir durable et solidaire.

Félicitant les Rodriguais pour leur simplicité, leur résilience et leur conscience écologique, Dr Ramgoolam a rappelé les avancées réalisées à Rodrigues, notamment l’interdiction du plastique, les projets de sécurité alimentaire et le dynamisme des petites et moyennes entreprises locales.

Il a également évoqué des projets d’envergure, comme l’extension de l’aéroport de Plaine Corail et l’amélioration des infrastructures de santé avec l’arrivée prochaine d’un nouvel appareil de scanner médical.
Un appel à la coopération régionale
Prenant la parole à son tour, le Vice-Premier ministre Paul Bérenger a décrit Maurice comme un État archipélagique, insistant sur la nécessité de mieux faire connaître la diversité et le potentiel des îles qui composent la République.

Il a plaidé pour un renforcement des liens entre Maurice et les autres îles de la région, notamment Madagascar, les Seychelles, les Comores et les Maldives, dans une logique de coopération régionale. Concernant Rodrigues, il a mis en lumière la richesse de sa musique, sa cuisine et son identité culturelle, qui méritent selon lui d’être préservées dans le cadre d’une autonomie accrue.
Soutenir les artistes et renforcer l’autonomie

De son côté, le ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Mahendra Gondeea, a mis en avant la scène artistique rodriguaise, annonçant la signature prochaine d’un protocole d’accord avec l’Assemblée Régionale de Rodrigues. Ce partenariat vise à donner une visibilité internationale aux artistes rodriguais et à accompagner leur développement.

Le Chef Commissaire Franceau Aubret Grandcourt a quant à lui rappelé la contribution importante des Rodriguais à Maurice, estimés à quelque 65 000 personnes, contre 45 000 à Rodrigues, ainsi que les talents de l’île dans des domaines aussi variés que l’artisanat, la culture, le sport et l’agriculture durable.

Il a aussi annoncé la mise en place prochaine d’un programme de tri des déchets et la modernisation du réseau d’eau potable. Il a par ailleurs insisté sur l’urgence de développer le port rodriguais pour en faire une plateforme d’exportation de poisson vers Maurice.
Une journée de transmission et de fierté
Plus qu’un événement festif, la Journée de la culture rodriguaise s’est imposée comme un moment de transmission, de reconnaissance et de célébration de l’identité rodriguaise.

Elle a permis de renforcer les ponts entre Rodrigues et Maurice, tout en posant les bases de nouvelles dynamiques de développement, de coopération et de valorisation culturelle au sein de la République.