Depuis sa jeunesse, Maudlyn Gébert rêvait de suivre les traces de son père en rejoignant les rangs de la police. Son rêve est devenu réalité le 3 novembre 1993 lorsqu’elle intègre la Police Training School de Beau-Bassin, les yeux remplis d’espoir. Trente et un ans plus tard, elle a franchi bien des étapes : de Woman Police Constable à Woman Corporal, elle porte aujourd’hui les galons de Woman Police Sergeant. Sa promotion l’a propulsée au poste de prosécuteur, une première pour une femme dans l’histoire de la police à Rodrigues. Mais son engagement ne s’arrête pas là. Active au sein du Women Police Officers Network, elle fait partie des dix « Champions » de la force policière et œuvre sans relâche pour renforcer la cohésion des unités féminines en organisant des activités de groupe. Un parcours et un engagement remarquables pour cette pionnière qui veille sur la sécurité des Rodriguais. Rencontre avec une femme d’exception.
Textes: Laura Samoisy/Photos: DR
Du haut de ses 1,74 m et ses yeux bleus perçants, Maudlyn revêt chaque matin son uniforme avec assurance. Cheveux poivre et sel coupés à la garçonne, casque sur la tête, elle enfourche son scooter depuis les hauteurs de Crève-Cœur, où elle habite, jusqu’à Port-Mathurin, au Prosecutor’s Office. « J’ai grandi dans un environnement strict, un peu à la « military style », » dit-elle avec un sourire. « À la maison, tout était réglé comme du papier à musique. Mon frère et moi, on alternait pour cirer les chaussures de notre père, qui travaillait alors dans la force policière. On s’amusait à imiter les marches militaires avec un balai et à hurler des « left, right, left, right, » au grand dam de notre mère, » se souvient-elle en riant.
Après sa formation à la Police Training School, elle travaille dans plusieurs unités à Maurice avant de retourner à Rodrigues quelques années plus tard. Elle obtient la Mauritius Police Long Service and Good Conduct Medal après 18 ans de service, ainsi que deux autres distinctions pour ses 25 et 30 ans dans la police. « En 2016, j’ai été promue sergente après trois tentatives. Cette promotion m’a permis d’être affectée au poste de Port-Mathurin, puis mutée au Prosecutor’s Office, où j’ai été la première femme de Rodrigues à occuper ce rôle. Le prosécuteur est celui qui présente les preuves au tribunal pour qu’elles soient analysées par le magistrat, tout en défendant les intérêts de l’État et des victimes, et en veillant au respect des droits des accusés. C’est un poste qui exige rigueur et intégrité, et j’ai l’honneur d’être la première femme à Rodrigues à occuper ce rôle. »
En avril 2023, lors du lancement du Women Police Officers Network, Maudlyn a été nommée « Champion », une chef d’équipe qui guide et soutient la centaine de femmes policières de Rodrigues. Avec ses neuf collègues, elle organise des activités pour renforcer l’esprit d’équipe et défendre l’égalité de genre. « Nous facilitons la communication et agissons en soutien si nos collègues rencontrent des soucis. Nous avons des salaires identiques, donc on demande qu’on nous accorde les mêmes responsabilités que nos homologues masculins. Nous organisons des activités sociales, récréatives et de team building pour les membres du réseau. Nous avons aussi inclus les enfants des policiers dans des concours de dessin et de peinture autour du thème « le rôle de la police dans la société à Rodrigues ». Pour 2024-2025, nous avons établi un calendrier d’activités variées, approuvé par le commandant divisionnaire de Rodrigues. »
En dehors de son travail, Maudlyn est une passionnée de voyages, avec le Népal comme destination de prédilection. « J’aime le côté monastique de ces voyages. C’est une immersion dans une atmosphère chargée d’énergie, une manière de me redécouvrir. » Elle aime également la lecture et dévore actuellement ‘Plus jamais sans moi’ de Maud Ankaoua et ‘La prophétie’ des abeilles de Bernard Werber.
Au travers de son regard de policière, Maudlyn assure que Rodrigues demeure une destination sûre, où chacun peut se sentir en sécurité. « La police est visible à chaque intersection. Parfois, certains se plaignent d’être contrôlés deux ou trois fois par jour, mais cela contribue à ce sentiment de sécurité. Nous avons la chance de pouvoir marcher la nuit sans crainte. Notre mission est de vous garantir ce sentiment de sécurité partout dans l’île. » Et sa philosophie de vie ? « Devenir un meilleur être humain, tout simplement ! »
