Salle comble pour la table ronde organisée, le 24 juillet dernier, par la Turbine dans le cadre de son Innovation Challenge 2025. Ce forum a réuni partenaires, start-ups, investisseurs et institutions autour du thème de l’innovation, de l’économie circulaire et des Objectifs de Développement Durable (ODD). Le panel a été modéré par Amandine Hardowar de Rosnay, Head of Sustainability and Inclusive Growth à Business Mauritius. A ses côtés, Harry Coolen, SME Banking Manager à la MCB, Amaury M. d’Unienville, General Manager – Commercial and R&D, Saint-Gobain, Bruno Florens Chief Sales & Marketing Officer, Inicia Ltee et Caroline Rault, Chief Sustainability Officer, Eclosia Angel Fund.
Au menu de cet échange : les contributions des start-ups mauriciennes aux ODD, l’intégration des start-ups dans les stratégies d’innovation des entreprises établies, et les freins à leur collaboration. L’Innovation Challenge de La Turbine est un programme d’appel à projet destiné aux start-ups locales et régionales qui développent des solutions alignées avec les Objectifs de Développement Durable (ODD). Soutenu par la MCB, Eclosia Angel Fund, Saint-Gobain, Inicia, Ecoasis, Moka Smart City, la Mauritius Chamber of Agriculture, TGH Holding et Rogers Hospitality, le programme offrira une période de préincubation de mentorat, formations, panels, et opportunités de mise en réseau aux Start-ups sélectionnées. Il vise à connecter l’innovation entrepreneuriale aux besoins concrets des entreprises et du territoire mauricien, tout en renforçant un écosystème collaboratif, structurant et à impact positif. La fin de l’appel à projet est prévue pour le 14 août prochain.
La forte affluence observée, avec plus de 60 personnes inscrites et présentes, témoigne de l’intérêt grandissant pour l’innovation durable et les dynamiques de collaboration entre acteurs privés, publics et entrepreneuriaux. Plusieurs partenaires ont d’ailleurs souligné l’importance de ce type d’initiative pour consolider l’écosystème existant et encourager l’innovation locale. La Turbine, en tant qu’incubateur engagé réaffirme à travers l’Innovation Challenge, son rôle de catalyseur de solutions durables et de plateforme de convergence entre start-ups, entreprises et institutions.
La Turbine s’inscrit dans un contexte où les start-ups peuvent représenter une part importante de l’économie mauricienne. Elles génèreront de l’emploi, des ressources locales, et participeront activement à construire l’avenir du pays en répondant avec agilité aux défis des entreprises eux qui ont de l’expérience et accès à du soutien. Il est donc essentiel de leur offrir un accompagnement structuré, dans un cadre qui reconnaît leur rôle stratégique.
« Maurice, en tant qu’État insulaire composé de talents et d’entrepreneurs ambitieux, a aujourd’hui une réelle opportunité de miser sur l’innovation durable pour contribuer à une croissance économique plus résiliente. À travers l’Innovation Challenge, nous souhaitons soutenir des idées audacieuses qui répondent aux défis les plus urgents de notre pays. Mais nous savons que les startups ne peuvent et ne doivent innover seules. Elles ont besoin de partenaires solides, prêts à co-construire, à tester, à faire évoluer les solutions ensemble. La table ronde reflète une conviction profonde : celle que la transformation durable de Maurice passera par une collaboration renforcée entre entreprises établies et jeunes pousses, au-delà du sponsoring classique et financière, nous sommes reconnaissants d’être entourés d’acteurs engagés qui partagent cette vision, et nous continuerons à créer des espaces où la confiance, l’accès aux ressources et l’accompagnement de long terme permettent à nos entrepreneurs de pleinement révéler leur potentiel » partage Swarna Gujadhur, Business Development & Program Specialist à la Turbine.
Les intervenants ont rappelé l’importance, pour les start-ups, de développer des projets ayant un impact concret dans les secteurs dans lesquels elles souhaitent évoluer. Ils ont posé les bases du contexte local, en soulignant que si les start-ups sont perçues comme agiles et capables de proposer des solutions rapidement, elles doivent néanmoins composer avec les réalités d’un petit État insulaire, confronté à la fois aux contraintes de marché limité et aux enjeux climatiques.
La parole aux intervenants :
Harry Coolen, SME Banking Manager à la MCB :
« En tant que partenaire de La Turbine depuis ses débuts, notre volonté est d’accompagner les start-ups pour qu’elles démarrent avec des bases solides et puissent évoluer de manière pérenne. Les débuts sont souvent semés d’embûches : il faut structurer son offre, comprendre son marché, fixer son prix, prendre des décisions stratégiques. Sans accompagnement, cela peut être décourageant. C’est pourquoi nous mettons notre expertise bancaire au service de l’écosystème. À travers des programmes comme PUNCH ou MCB Leasing, nous soutenons les jeunes entreprises, que ce soit pour leur visibilité ou pour l’acquisition d’équipements. Nous croyons profondément à l’importance de faire grandir les PME : elles représentent une part essentielle du tissu économique mauricien, en termes d’emploi, de création de richesse et d’innovation. C’est en travaillant main dans la main avec des structures comme La Turbine que nous pouvons bâtir une économie plus forte, tournée vers l’avenir. »
Amaury M. D’Unienville, General Manager – Commercial and R&D, Saint-Gobain :
« Une start-up, c’est avant tout une idée. Mais cette idée qui doit être capable de croître. L’industrie du bâtiment, notamment, est un secteur qui peut générer des volumes importants. Une innovation bien pensée peut ainsi trouver sa place et produire rapidement un chiffre d’affaires significatif, permettant à la start-up de franchir un cap. Là où les grandes entreprises n’ont pas toujours le temps de développer un projet en profondeur, une start-up, elle, s’y consacre pleinement. Ce sont ces idées nouvelles, portées par les start-ups, qui nous permettent en tant qu’industriels de rester à l’écoute, de nous renouveler, et d’identifier ensemble des opportunités pour améliorer notre empreinte environnementale. Chez Saint-Gobain, nous avons une approche multinationale mais profondément ancrée localement. Nous faisons nos preuves ici, avec les réalités de l’économie mauricienne. Mon message est simple : entreprendre n’est jamais facile, mais c’est en croyant fermement à son projet qu’on avance. Aujourd’hui, nous sommes leaders dans notre domaine, et c’est cette conviction, ce cheminement que je souhaite transmettre. »
Bruno Florens, Chief Sales & Marketing Officer, Inicia Ltée :
« Notre collaboration avec la start-up WeCycle, qui n’en est d’ailleurs plus vraiment une aujourd’hui, a été très positive. Nous avons accepté un certain niveau de risque au départ, car ce projet avait du sens à tous les niveaux : économique, social, environnemental. Il répondait aussi à des enjeux de sécurité alimentaire. Nous sommes donc tout à fait ouverts à d’autres initiatives similaires. Les start-ups qui proposent des solutions concrètes à nos problématiques actuelles ont toute leur place dans notre stratégie. Cette expérience a été bénéfique pour tous les acteurs impliqués, et je suis convaincu que son impact se fera encore plus sentir à long terme, que ce soit pour l’entreprise partenaire, pour le pays ou pour la structure porteuse du projet. »
Caroline Rault, Chief Sustainability Officer, Eclosia Angel Fund :
« La réussite d’une collaboration avec une start-up repose avant tout sur la qualité de l’interaction humaine. Tout commence par un premier échange, puis, selon les axes de développement, nous décidons d’approfondir. Le soutien que nous apportons peut prendre différentes formes : nous investissons au capital, nous offrons du temps, des ressources humaines, un accompagnement stratégique et financier. Chez Eclosia Angel Fund, nous avons structuré un dispositif de suivi dédié pour chaque start-up que nous accompagnons. Nous croyons qu’il faut cultiver une véritable culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat, d’autant plus face aux grands défis mondiaux : changement climatique, gaspillage des ressources, pression sur les écosystèmes. Maurice n’est pas épargné, et nous avons besoin de start-ups qui s’engagent. Des domaines comme l’agriculture régénérative, la production alimentaire locale, la gestion des déchets ou l’économie bleue sont autant de terrains d’innovation où il est urgent d’agir. »
