Dans les rues paisibles de Mont-Limon, réside dans une force de la nature nommée Anoushka Speville. À 29 ans, elle incarne une résilience infatigable. Depuis plusieurs années, elle se bat contre la maladie. Mais loin de se laisser faire, elle a trouvé dans la poésie, une échappatoire. Pour la toute première fois, elle publie un de ses écrits dans la presse et elle en est fière.
Textes: Laura Samoisy/Photos: Nathaniel Sainte-Marie
Elle trouve refuge dans le frémissement des mots. Pour Anoushka Speville, la poésie n’est pas seulement une passion, mais aussi un baume guérisseur qui apaise les maux de l’âme. Chaque ligne tracée est une évasion, un doux exode des tourments qui assaillent son être. Sous le poids des nuages gris que la maladie lui impose, elle déploie ses ailes de vers et s’envole vers des horizons où les émotions se libèrent sans retenue. L’écriture devient alors son havre de paix, face aux caprices du destin. Les notes discordantes de l’Ataxie Cérébelleuse se sont infiltrées dans sa vie à l’âge de 10 ans. Anoushka se retrouve alors confrontée à des pertes d’équilibre, des migraines lancinantes, des tremblements incontrôlables. Mais là où beaucoup auraient fléchi sous le poids de la maladie, Anoushka a choisi la voie de la résistance.
« À l’époque, j’étais en CPE. J’étais l’une des meilleures élèves de ma classe, mais cela a vite changé lorsque la maladie est apparue dans ma vie. J’avais besoin d’énormément d’attention et de soutien. Il a fallu tripler d’effort, c’était très difficile », confie la jeune femme. Déterminée à ne pas laisser la maladie dicter sa destinée, elle a persévéré, bravant les épreuves avec une grâce remarquable. « J’ai pu prendre part aux examens de fin d’études primaires et obtenu de très bons résultats. Tous les collèges de l’île voulaient m’accueillir. Mais mon choix s’était porté sur celui du collège Le Chou. Toutefois, après trois années au collège, en 2009, j’ai dû arrêter mes études », regrette Anoushka.
Huit ans plus tard, elle se replonge dans les livres, préparant ses examens de fin d’études secondaires en tant que candidate privée. « Mes efforts ont payé, j’ai réussi mes examens. Cependant, je ne savais pas vraiment vers quoi m’orienter professionnellement. Je me suis alors inscrite à une formation de secrétariat. » Elle a rapidement découvert que sa véritable passion résidait dans les vers et dans les rimes. La poésie est devenue son refuge, son moyen de transcender les limites imposées par la maladie et de trouver la beauté dans l’adversité.
En 2019, elle lance « Anoushka’s TrembleStep », un blog où elle partage son expérience avec sa condition et inspire ceux qui l’entourent. Sa page « Instagram », « Anoushka’s Poetry», est désormais une oasis pour les amoureux des mots et ceux qui sont en quête d’inspiration. À travers ses poèmes, Anoushka exprime les émotions les plus profondes avec une grâce et une sensibilité captivante. Elle transforme les maux de la vie en une symphonie poétique, offrant un aperçu de la beauté qui peut être trouvée même dans les moments les plus sombres.
Son histoire est un rappel poignant de la force de l’esprit humain et du pouvoir de la créativité pour transcender les obstacles. Elle nous enseigne que, même au milieu de l’adversité, il y a toujours de la lumière si nous choisissons de regarder avec les yeux du cœur. Dans ce tumulte de sentiments et d’émotions, elle se découvre, se réinvente, et laisse son cœur danser au rythme des syllabes…
Juste cinq minutes
Et si je devais mourir demain
Je veux cinq minutes de plus avec toi
Le temps d’un dernier câlin
Sentir ton souffle une dernière fois
Capturer ta beauté dans ma mémoire
Rire aux éclats comme si on n’allait jamais se quitter
Je veux juste cinq minutes de plus avec toi
Pour te dire un dernier adieu
Te dire que ça va être difficile
Et que tu pleureras certainement les nuits, mais que les lendemains seront meilleurs
Je veux juste cinq minutes avec toi
Pour te dire « Je t’aime »
Et que l’on se reverra sûrement
Dans nos rêves les plus fous