Avec plus de 35 ans d’expérience dans les arts martiaux, Laval Plaiche s’impose aujourd’hui comme l’un des piliers du sport rodriguais. Passionné, infatigable et entièrement dévoué à sa discipline de cœur – le taekwondo –, il s’apprête à mener ses élèves vers l’un des événements les plus attendus de l’année : les 4e Jeux de Rodrigues, qui se tiendront du 8 au 11 mai prochains.
Par Laura Samoisy/Photos: DR
À 55 ans, Laval Plaiche ne compte ni son temps ni son énergie. Depuis deux mois, il intensifie la préparation de ses athlètes engagés dans la compétition de taekwondo, prévue pour le samedi 10 mai, dans un gymnase flambant neuf à Pistache. « Je mets les bouchées doubles. Il y a beaucoup d’attente autour de cette journée. Nous devons être prêts, physiquement et mentalement », confie-t-il.

Bien que les Jeux de Rodrigues soient organisés selon un système de zonage, Laval Plaiche insiste sur l’unité qui anime les pratiquants de taekwondo. « Nous concourrons certes pour nos zones, mais sur le tatami, nous sommes avant tout une famille. D’ailleurs, actuellement, je fais le suivi de mes élèves qui concourent pour leurs zones respectives. » Une dizaine d’athlètes de la zone 3, où il est basé, participeront à la compétition, qui se déroulera sous l’œil avisé du grand maître Christian Hung Wai Wing, invité pour l’occasion. Deux arbitres de renom – Barlen Marday, médaillé d’or aux derniers Jeux des Îles, et Soodeer Bahadoor – viendront spécialement de Maurice pour garantir la transparence des épreuves.

Tous les élèves ne pourront pas concourir, les règlements imposant un âge minimum de 16 ans. Mais Laval reste fier du chemin parcouru : il a formé une quinzaine de ceintures noires à Rodrigues, dont cinq femmes. Parmi elles, sa fille, Ann Maiye Plaiche, détentrice d’un troisième dan, qui avait décroché sa ceinture noire à seulement 8 ans et demi.
Une passion née tardivement, mais vécue intensément
Pourtant, rien ne prédestinait Laval Plaiche à devenir l’un des ambassadeurs du taekwondo à Rodrigues. À 12 ans, il fait ses premiers pas dans le judo. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’il explore davantage les arts martiaux, notamment le Shotokan, avant de découvrir en 2016, presque par hasard, le taekwondo. Ce fut un véritable coup de foudre.

Depuis, Laval s’est entièrement consacré à cette discipline, inscrite au programme olympique. Il se rend régulièrement à Maurice pour se former auprès du grand maître Louis Christian Hung Wai Wing, neuvième dan. Grâce à sa détermination, il gravit les échelons et décroche successivement son premier, deuxième, troisième et quatrième dan. Il réussit également les examens nécessaires pour être reconnu comme professionnel dans cette discipline.
Le rêve de transmettre
Mais Laval ne s’est pas arrêté à son propre apprentissage. Il a très vite souhaité partager sa passion avec les jeunes Rodriguais. C’est ainsi qu’il propose d’introduire le taekwondo dans le cadre du After School Programme du Mauritius Sports Council. La demande est acceptée, et il commence alors à enseigner dans huit écoles primaires à travers l’île Rodrigues.

Depuis, il a vu grand. Il est aujourd’hui à l’origine de la création d’une dizaine de clubs de taekwondo à travers Rodrigues : English Bay Taekwondo Club, Central Punch à Deux Goyaves, Citron Donis, Batatran, Pistache, Dan Coco, Grande Montagne, Mourouk, Montagne Goyave, Terre Rouge… et même une relance du club de Grand Var. Il crée aussi un Assistant Taekwondo Club pour former les futurs entraîneurs, et un Handi Taekwondo Club destiné aux personnes en situation de handicap. « Ce sport doit être accessible à tous, quels que soient les défis ou les différences », insiste-t-il.

Il organise régulièrement des compétitions locales, tant en combat qu’en Poomsae (technique), pour motiver ses élèves et les faire progresser. Son engagement porte ses fruits : deux de ses élèves sont champions de Maurice pour la troisième année consécutive, et lors d’une compétition à Maurice en 2019, la délégation rodriguaise qu’il a conduite a raflé sept médailles d’or et onze d’argent.
Un engagement bénévole, une mission de vie
Ce qui force le respect, au-delà de son parcours, c’est l’engagement entièrement bénévole de Laval Plaiche, qu’il mène avec passion. Pour lui, le taekwondo est bien plus qu’un sport. « C’est une école de vie, qui enseigne le respect, la discipline, la persévérance et aide à améliorer sa santé physique et mentale. Les élèves sont plus concentrés, ils développent une meilleure estime d’eux-mêmes. » Il encourage d’ailleurs toutes les ceintures noires qu’il a formées à redonner, gratuitement, ce qu’elles ont reçu, à travers le sport.

Alors que le compte à rebours est lancé pour les 4e Jeux de Rodrigues, Laval Plaiche peut être fier du chemin parcouru. Grâce à lui, le taekwondo s’est enraciné dans l’île, formant bien plus que des champions : une véritable génération d’athlètes engagés, passionnés et soudés. Il n’oublie pas de remercier le comité régional pour son soutien, ainsi que la Commission des sports pour les infrastructures mises à disposition.