À Graviers, paisible village côtier du Sud-Est de Rodrigues, douze femmes ont décidé de tourner la page de la pêche pour embrasser une nouvelle vocation : protéger le lagon qui les a fait vivre. Regroupées au sein de l’Association Féminine des Pêcheurs de Rodrigues, elles ont lancé un projet novateur d’écotourisme et d’artisanat durable, soutenu par le Programme de microfinancements du FEM-PNUD (SGP), en partenariat avec FORENA et l’Assemblée Régionale de Rodrigues.
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Ce projet, baptisé “Supporting Alternative Livelihoods for the Fisher Communities in the South East Marine Protected Area through Ecotourism Development”, vise à offrir des moyens de subsistance alternatifs aux anciennes pêcheuses, tout en préservant la biodiversité de la Zone Marine Protégée du Sud-Est (SEMPA). Après avoir volontairement remis leur carte de pêche dans le cadre du Plan de départ volontaire (VRS), ces femmes ont bénéficié d’un accompagnement pour créer un centre artisanal et un restaurant écotouristique au cœur du village.
Un centre éco-construit et tourné vers l’avenir
L’infrastructure, moderne et respectueuse de l’environnement, reflète pleinement la vision d’une Rodrigues durable et résiliente. Le bâtiment est équipé de panneaux solaires, d’un chauffe-eau solaire et d’un système de récupération d’eau de pluie, limitant au maximum son empreinte écologique.
Dans ce lieu désormais ouvert au public, les visiteurs peuvent déguster des mets traditionnels rodriguais, découvrir des créations artisanales — patchworks, broderies, objets en fibres naturelles — et surtout échanger avec ces femmes devenues de véritables ambassadrices de la mer.
Une reconversion réussie
Les retombées économiques sont déjà tangibles. Les douze membres de l’association gagnent en moyenne Rs 5000 par jour, un revenu qu’elles espèrent voir croître avec l’essor de la fréquentation touristique et la diversification de leurs activités. Mais au-delà des chiffres, le changement est avant tout humain : formées en gestion de restaurant, couture, entrepreneuriat et leadership, ces femmes ont gagné en autonomie et en confiance.
Un modèle de développement durable
En choisissant de délaisser la pêche pour se consacrer à l’écotourisme, les femmes de Graviers réduisent la pression sur les ressources halieutiques et participent activement à la préservation du lagon et de sa biodiversité. Leur initiative démontre qu’un autre modèle de développement est possible — un modèle où économie locale, culture et environnement s’unissent dans une dynamique vertueuse.
À travers l’exemple de Graviers, Rodrigues réaffirme son ambition de devenir une île écologique exemplaire, où la mer n’est plus une ressource à exploiter, mais un patrimoine à protéger et à partager. Ici, l’écotourisme n’est pas qu’une activité : c’est une renaissance, portée par la détermination de douze femmes et le murmure apaisé du lagon qu’elles ont choisi de préserver.